L’artisanat occupe une place importante au Congo et dans les autres pays africains, même si la plupart des intervenants dans le secteur opèrent encore de manière informelle et sur un marché très limité, dont ils tirent très (trop) peu de revenus eu égard au travail fourni. Un comité de coordination pour le développement et la promotion de l’artisanat africain (CODEPA) qui rassemble plusieurs pays du continent, dont la RDC, a même été créé en vue de formaliser cette activité économique et de coordonner des actions à l’échelle du continent. A Kinshasa, quelques structures encadrent des groupes d’artisans afin de maximiser leurs chances de pouvoir vivre dignement de leur art et savoir-faire, et afin de promouvoir leurs œuvres et productions auprès d’un plus large public. Partant du constat que l’artisan connaît son métier mais faute de moyens, ne produit que sur commande et expose peu. Mais outre ces structures et magasins plus « établis », le lieu par excellence où l’on vend de l’artisanat à Kinshasa et qui fait partie des immanquables parmi les visites à faire en ville, c’est bien sûr le Marché des Valeurs dans le quartier Royal, non loin du Boulevard du 30 juin. Ambiance de souk où l’on se fait harponner et solliciter de tous côtés, et où l’on tchatche et négocie ferme, le tout dans la bonne humeur générale et pour des pièces qui valent bien souvent la peine et à des prix dérisoires. Son équivalent à Lubumbashi, c’est le marché d’œuvres d’art de Kalukuluku. Mais on trouve ces marchés d’art dans toutes les villes congolaises d’une relative importance. Quelques vendeurs et artisans ambulants tiennent aussi des stands ou exposent quelques œuvres dans des hôtels ou lors de manifestations, voire dans la rue. Que ce soit au marché ou en rue, peu d’arnaques à signaler au niveau de la qualité des objets vendus, si ce n’est les prix à diminuer de moitié, voire par trois ou quatre selon le degré de bagout et l’humeur du vendeur qui les adapte bien sûr à la tête du client. Mais ça fait partie du jeu ! Même si de plus ou moins grandes différences sont constatées entre certaines villes et régions, en fonction du coût d’approvisionnement notamment. Kinshasa restant cependant l’endroit où les prix pratiqués restent les plus intéressants, avec une large marge de négociation, et pour une variété de produits inégalée par rapport aux autres villes, provenant de partout dans le pays. Mais où que ce soit, il y a clairement moyen de faire de bonnes affaires et de trouver son bonheur parmi la diversité d’objets proposés. A noter, parmi les caractéristiques et spécialités de l’artisanat congolais / kinois, que certains objets fabriqués le sont à partir de matériaux de récupération (boîtes de conserve, vieux métaux…). Un véritable recyclage s’opère donc en donnant une seconde vie à certains produits, avec une sacré dose d’inventivité et créativité à l’œuvre chez les artistes et artisans locaux, pour qui c’est souvent une contrainte économique au départ.
Parmi les principaux objets d’artisanat que l’on peut trouver à Kin notamment (avec des pièces provenant de l’intérieur du pays selon des méthodes et savoirs-faires propres aux différentes régions et ethnies), on peut citer les suivants :
– bijoux : il y en a pour tous les goûts. Fabriqués à partir de bois, verre, métal, os d’animaux, pierres et minerais (malachite, cuivre…), coques ou fruits séchés… La diversité des techniques et matériaux utilisés n’ayant d’égal que la créativité de leur fabriquant. Petit rappel de circonstance au passage pour consommer responsable et éviter l’ivoire et d’autres produits provenant d’animaux protégés.
– mobilier et accessoires de décoration : là aussi, il y a le choix tant dans la variété des matériaux qu’au niveau des modèles proposés. Du siège au tabouret, appuie-dos ou petit banc, en passant par la table, le porte-CD, la lampe, voire le lit ou l’étagère. Mention spéciale pour les « chaises à palabre » typiques en Afrique et au Congo, et constituées de ces deux planches de bois entrecroisées très stylées et confortables, en plus d’être facilement transportables… Les objets et accessoires décoratifs rivalisent également ben souvent de beauté et d’inventivité : bougeoirs et chandeliers, boîtes à bijoux, bibelots divers, paniers tressés, ouvre-bouteilles, porte-clefs, miroirs, plats et bols, coussins, céramique, poterie, tableaux…
– instruments de musique traditionnels : likembe (sorte de xylophone local et traditionnel appelé aussi « sanza » en Afrique centrale), tambours et divers instruments de percussions, maracas, guitares en bois traditionnelles…
– tapis Kuba / velours du Kasaï : objet de valeur provenant d’une longue tradition issue du Royaume Kuba et de l’ethnie Shoowa au Kasaï (intérieur du pays) mais que l’on trouve dans la plupart des enseignes et marchés d’art de Kinshasa. Les fibres utilisées pour la confection de ces tapis proviennent du palmier raphia et sont teintes de couleurs végétales. La broderie et la technique du velours sont réservées aux femmes, tandis que le tissage est l’affaire exclusive des hommes. Leur fabrication se distingue par la finesse des techniques utilisées et l’extrême diversité des dessins et motifs représentés. Et cela nécessite un travail de plusieurs mois, voire d’une année entière.
– masques et fétiches traditionnels : on en trouve de toutes les ethnies et de toutes les tailles, couleurs et modèles, qu’ils soient anciens ou neufs. Ils possèdent tous des significations et caractéristiques particulières qui les différencient fortement, selon leur culture d’origine. Souvent de toute beauté. Définitivement un must au Congo !
– antiquités : au Congo, un antiquaire n’est pas nécessairement celui qui vend des antiquités mais aussi celui qui les fabrique avec parfois un mélange de styles anciens et de techniques de vieillissement sur des objets tout à fait modernes. Quoiqu’il en soit, les adeptes de « vieux » seront comblés : médailles, pièces de monnaie, bijoux, fétiches, masques, objets de culte… Même s’il vaut mieux pour cela se rendre chez un antiquaire ou dans une galerie, où l’on trouve de pures merveilles à des prix parfois tout doux.
– « Tintin au Congo » : typique évidemment à la RDC, et particulièrement à Kinshasa. Le célèbre reporter d’Hergé, dont les premières aventures débutaient au Congo en pleine période coloniale, est décliné sous toutes les formes et en divers objets. Le grand classique, c’est de revenir avec un petit tableau peint représentant la couverture du célèbre album de Tintin que l’on customise en rajoutant votre nom dans le titre « Les aventures de … au Congo ». LE cadeau immanquable et original, jusqu’il y a peu. Mais on trouve également nombre de déclinaisons de Tintin au Congo (sculptures en bois, fils de fer, ferraille…) représentant différentes scènes du livre : traversée en pirogue, locomotive, porteurs, etc.
– pagnes (wax) : même s’ils ne sont plus fabriqués au Congo (la célèbre usine Utexafrica ayant fermé ses portes il y a quelques années), ni même artisanalement, les pagnes, ces tissus typiques aux tons et motifs vifs et colorés portés par toutes les Congolaises sans exception, restent l’un des produits phares et typiques du pays. Qu’il est possible et conseillé d’acheter sur place, voire de s’en faire des vêtements en allant chez une couturière, qui dispose de nombreux modèles et peut vous fabriquer votre tenue en un temps et pour des prix records !