Après le génocide de 1994 au Rwanda, les forces génocidaires se sont repliées au Zaïre. En 1996, pour venir à bout des camps de réfugiés où s’étaient mêlés des génocidaires, mais aussi pour d’autres desseins comme le pillage des ressources du Congo, le Rwanda s’allie avec l’Ouganda et les rebelles banyamulenge (Tsutsi congolais) de l’est du Zaïre.
C’est le début de la première guerre du Congo. Cette coalition militaire, avec Laurent-Désiré Kabila comme porte-parole, met en place l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), qui recrute de nombreux enfants soldats et s’empare rapidement du pays, ne trouvant comme adversaire qu’une armée zaïroise désorganisée et plus prompte à piller qu’à se battre.
L’AFDL fait son entrée triomphale le 17 mai 1997 à Kinshasa, mettant ainsi fin au long règne de Mobutu qui s’exile au Maroc où il mourra des suites de son cancer le 7 septembre 1997 dans l’indifférence la plus totale. Depuis Lubumbashi, Kabila, communément appelé « Mzée » en swahili (« sage »), s’autoproclame Président et arrive à la tête d’un pays totalement détruit.
La pauvreté y a en effet atteint des sommets inimaginables, la corruption et la débrouille faisant office de système économique. La dette extérieure du Congo étant alors évaluée à 17 milliards de dollars. A cette occasion, le Zaïre redevient République Démocratique du Congo et le drapeau reprend ses couleurs d’origine. Mais en dépit des déclarations d’intentions et de plusieurs mesures rencontrant le consentement général, le régime de Kabila dérive vite vers l’autocratie.
En mai 1998, Kabila se brouille avec ses anciens alliés et congédie les militaires rwandais. Le 2 août 1998, des coups de feu éclatent à Kinshasa et à l’est du pays. C’est le début d’une nouvelle guerre d’agression : la deuxième guerre du Congo qui durera officiellement jusqu’en 2003 (suivie par la guerre du Kivu), mais dont les conséquences sur l’instabilité à l’est du pays sont encore bien actuelles aujourd’hui. Et qui verra toute la région s’embraser avec l’implication de neuf pays africains dans le conflit et d’une trentaine de groupes armés, provoquant la mort de millions de personnes dont de nombreux civils à l’est du pays (certains analystes parlent même de génocide congolais). D’où son appellation de « première guerre mondiale africaine ».
RASSEMBLEMENT CONGOLAIS POUR LA DÉMOCRATIE (RCD)
A Kinshasa, les troupes loyalistes fidèles à Kabila renversent une tentative de coup d’Etat mal préparée. Au Kivu par contre, quelques troupes de l’armée congolaise appuyées par le Rwanda font sécession et s’emparent de Goma et de Bukavu. Le nouveau mouvement rebelle se fait appeler Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD).
Aidées par les anciens alliés de Kabila, les troupes du RCD ne tardent pas à s’emparer des principales villes de l’est du Congo. Toutefois, derrière ce mouvement se cache en réalité un objectif stratégique et économique car les provinces de l’Est regorgent de richesses minières importantes. Ces armées d’invasion pillent systématiquement le territoire, éliminant la population locale, pour prendre possession de ces richesses.
En s’emparant grâce à un détournement d’avion de Kitona, une base militaire proche de Kinshasa, les rebelles se retrouvent proches de la capitale, sans avoir eu à traverser le pays. Depuis Kitona, ils s’emparent de Matadi et de son port qui permet d’achalander Kinshasa, ainsi que du barrage d’Inga qui alimente en électricité la capitale. L’assaut de Kinshasa se solde toutefois par un échec cuisant des agresseurs.
La population organisée chasse les rebelles et entame une chasse aux sorcières dans la ville contre les Rwandais. De son côté et suite à la défaite de Kinshasa, plusieurs dissensions s’opèrent au sein du RCD. Par ailleurs, Kabila, qui a pu compter sur l’opiniâtreté des Kinois, sauve son régime grâce à une alliance avec son voisin angolais dont les troupes, aidées par des soldats du Tchad, du Zimbabwe et de Namibie, viennent à la rescousse des Forces Armées Congolaises.
Finalement, six armées étrangères se battent sur le sol congolais. Les rébellions se multiplient. De son côté, le RCD se scinde en deux branches, l’une implantée à Goma et appuyée par le Rwanda (RCD-Goma), l’autre à Kisangani (RCD/KML) avec l’appui de l’Ouganda. Cette ville fera d’ailleurs l’objet d’un affrontement sanglant entre les deux factions pour son contrôle lors de la guerre des six jours opposant Rwandais et Ougandais.
MOUVEMENT DE LIBÉRATION DU CONGO (MLC)
Dès novembre 1998, un autre mouvement rebelle rival dirigé par Jean-Pierre Bemba et appuyé par l’Ouganda et d’anciens proches de Mobutu, le Mouvement de Libération du Congo (MLC) est créé dans la Province de l’Equateur avec comme quartier général, la ville de Gbadolite, ancien fief de Mobutu. Les troupes du MLC sont en partie composées d’anciens soldats des Forces Armées Zaïroise.
Dans une partie de l’Equateur, l’ancien drapeau du Zaïre flotte à nouveau. C’est dans ces circonstances de guerre civile et d’ingérence de plusieurs pays africains dans les affaires du Congo que Kabila accepte, le 31 août 1999, de signer à Lusaka en Zambie les accords de cessez-le-feu qui amorcent une difficile période de transition vers la paix dans la région.
DIALOGUE INTER-CONGOLAIS
Le 16 janvier 2001, dans des circonstances encore mal connues, Laurent-Désiré Kabila est assassiné par un de ses jeunes gardes du corps. Il est remplacé par son fils Joseph Kabila qui hérite du pouvoir et se retrouve à la tête d’une nation en proie à la guerre civile, occupée à l’Est par le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) ainsi que ses appendices, et par le Mouvement de Libération du Congo (MLC) au Nord. Sans parler de toutes les autres armées et milices régulières et irrégulières, étrangères et congolaises confondues, impliquées dans les multiples combats.
Dans son discours d’investiture, le 26 janvier 2001, le nouveau Président de la République promet l’ouverture du régime hérité de son père. Il rappelle les liens historiques avec la Belgique et affirme vouloir normaliser ses rapports avec la nouvelle administration américaine. Il réitère son engagement dans l’application des accords de Pretoria et de Luanda, accepte le déploiement de la MONUC (Missions des Nations Unies pour le Congo) dans l’Ituri et dans l’est du pays, et renoue avec la communauté financière internationale. Ainsi s’amorce et se met en place le dialogue inter-congolais.
Des négociations entre les différents protagonistes (armés et non armés) de la crise congolaise sont ouvertes à Sun City en Afrique du Sud sous la houlette de la communauté internationale.
TRANSITION DITE DE 1+4
Le dialogue inter-congolais aboutit en décembre 2002 à la signature de l’accord de Pretoria qui met en place et consacre en 2003 la nouvelle transition dite de 1+4 représentant un gouvernement dirigé par le Président Kabila assisté de quatre vice-présidents issus respectivement des mouvements majeurs de la crise. Cinq composantes et trois entités sont institutionnalisées pour le partage du pouvoir en vue de préparer les élections générales devant conduire à la mise en place des institutions de la troisième République en 2006.